dimanche 18 octobre 2009

Trop génial le Dr Marc Zaffran! - Réflexions sur la mode anti-culture québécoise

Je viens tout juste de regarder l'émission Tout le monde en parle. J'ai manqué le début avec les 3 aspirants maires de Montréal, mais j'ai bien aimé les autres invités.

Il faut lui donner ça à Guy A. Lepage, il est vraiment bon pour mettre ses invités dans un mood à se confier. Les sièges des spectateurs présents en studio sont très près des invités et semblent faire près de 180° autour du plateau de tournage. Ce n'est surement pas par hasard que le public est disposé ainsi et ça crée un sentiment d'être près des autres et donc dans un état psychologique plus propice à se confier. (Si ça se trouve, ce genre d'observations ont été écrites des dizaines de fois, désolé car j'ai dû toutes les manquer si c'est le cas!).

On a donc eu droit à une ex-escorte de luxe de New York, mais provenant de Montréal, à un acteur Français et enfin aux 2 docteurs venant nous parler du vaccin pour le AH1N1. L'ex-escorte a vraiment parler franchement et fait réaliser un peu comment on peut être dans sa perspective. Ensuite, il y avait le maire Tremblay qui (à la question si il était pour ou contre les agences d'escorte) répondait en mononcle: "Depuis que j'ai 15 ans c'est Johanne (nom fictif), pis tant mieux pour les autres si c'est autre chose, mais moi c'est Johanne". Heille! On t'a pas demandé si tu avais eu recours aux agences d'escorte, on t'a demandé ce que tu en pensais! Personne ne t'a accusé de tromper ta Johanne, mais le fait que t'aie pensé à nous en assurer en exquivant de répondre à la vraie question nous montre bien deux choses:
  1. Toujours prêt à trouver une petite passe pour ne pas répondre à la question (héritage Libéral, même école que Jean Charest après tout)
  2. Attitude défensive d'avoir pensé à dire qu'il n'avait jamais vu une prostituée, sans vouloir l'accuser de l'avoir déjà fait, ça montre tout de même que c'est devenu un réflexe d'être sur la défensive. D'habitude on le devient à force d'avoir des choses à cacher. Et qu'il doit avoir hâte que la campagne se termine celui-là! Avouez que les probabilités que son parti ait aussi été impliqué dans quelconque collusion avec l'industrie de la construction et de leur partenaire ne sont tout de même pas nulle!
Enfin, il y a eu les deux docteurs dont un est le directeur général de la santé du Québec (ou un titre du genre, bref celui qui signe pour partir les commandes du 11 millions de dose de vaccin de A-H1N1 pour le Québec) et l'autre est un docteur maintenant professeur qui lui est venu pour dire qu'il serait temps de mettre la pédale douce car on se rend compte que ce n'est pas mortel et qu'en fait il y a 10 fois moins de cas de mortalité que pour la simple grippe saisonnière.

Moi j'ai bien aimé le deuxième, le docteur Zaffran, très brillant, très articulé. Il était clair: il approuve les vaccins, ne dément pas du tout leur utilité et leur efficacité. Il disait simplement que pendant l'hiver dans l'hémisphère Sud, alors qu'il y a eu 50 000 morts de la grippe saisonnière, il y en a eu 5000 de la A-H1N1, que donc, si on relativise les choses, 11 millions de dose c'est du gaspillage et ça ne respecte pas du tout nos priorités, qu'en fait, on devrait tout simplement focusser sur les gens à risque: gens hospitalisés, sans-abris, etc. comme on le fait d'ailleurs d'habitude.

C'est vrai tout de même que les médias se sont emballés au printemps dernier. On accusait même l'OMS de ne pas être assez alarmiste. On voit maintenant que l'OMS savait ce qu'il faisait et a fini par se laisser convaincre par les médias insistants avant que ceux-ci ne ruine sa crédibilité.

Et de l'autre côté, on avait le Dr Alain Poirier, notre directeur de la santé publique avec les mêmes vieux réflexes de politicien (du genre que l'on ne veut plus), qui coupait l'autre quand il parlait en essayant de lui faire dire ce que l'autre n'avait pas dit. Exemple: le docteur Zaffran dit:

"mondialement alors que la grippe saisonnière cause annuellement 50 000 morts, on n'a eu que 5000 cas, c'est pas 50 000, pas 500 000, pas un million, ..."

et là t'as le directeur qui saisit l'occasion pour lui couper la parole et faire son commentaire insignifiant:

"vous voulez 500 000 morts avant de réagir, et bien je ne vous verrais pas directeur de la santé!"

Hahaha, très drôle. La tactique est simple et efficace, mais tellement démagogique, on prend quelques mots de la bouche de l'autre et on les met hors contexte et en plus, avec une touche d'humour. Plus tard dans l'émission, il a usé de la même tactique lorsque le docteur Zaffran a dit qu'au Québec il n'y avait eu que 27 morts. Il s'est empressé de lui couper encore une fois la parole (c'est crucial car ça empêche l'autre de passer son message car il vient de perdre la concentration de l'auditeur) pour lui dire qu'il ne croyait pas que les proches des gens décédés étaient de son avis (de dire que ce n'était que 27 morts).

Bien voyons! Je ne sais pas combien, en tout, il y a de personnes qui décèdent au Québec à chaque année, mais on s'entend tous pour dire qu'effectivement 27 c'est peu en %. Quand on parle de sujets sociaux, on doit prendre le même recul qu'on doit prendre dans n'importe quel travail, on doit regarder les choses dans leur ensemble avant de s'attarder aux détails et c'est ainsi qu'on priorise les dépenses. Pour une entreprise, on appelle ça faire des business case quand vient le temps de prendre des orientations stratégiques. Et c'est platte à dire, mais maintenant qu'on sait que le virus A-H1N1 est une grippe bénigne qui dure 2-3 jours, alors que la grippe que l'on a toujours connue (la grippe saisonnière) dure une semaine et continue de toucher plus de gens, et bien il serait temps de faire marche arrière avant de dépenser 88 millions. Il y a des maladies plus prioritaires qui tuent bien plus de gens (et les proches de ces gens là aussi en pensent quelque chose Dr. Poirier!)

Y'a le fou du roi qui a détendu l'atmosphère en disant que ça devait pas être cool d'avoir A-H1N1 comme code postal.

Bref, c'était un de ces soirs où c'est le fun d'écouter quelque chose qui est fait ici et de savoir que c'était sans doute le meilleur choix malgré tous les postes offerts, dont la majorité vient des États-Unis. Non pas que je sois contre la culture américaine, au contraire, j'ai adoré des shows comme Lost, Seinfeld, Six Feet Under ou bien sûr, The Simpsons. Non, plutôt par le fait qu'à travers le monde (en tout cas, dans bien des pays), la culture populaire (télé, film, musique) est locale à un certain pourcentage et de provenance américaine pour le reste du 100%.

Ça donne l'impression que la culture populaire américaine est supérieure, de meilleure qualité, plus adaptée à ce que l'humain recherche et ainsi de suite. D'ailleurs, je connais des tas de Québécois qui se font un honneur et un devoir de boycotter tout ce qui se fait au Québec. Bon, la reconnaissance internationale de certains films québécois a fini par les convaincre "d'aller de l'autre bord", mais ils s'empressent vite de dire que "pour un film Québécois, c'était bon". Heille, j'suis-tu assez tanné d'entendre ou de lire cette phrase-là (j'la lisais encore récemment à propos de 1981 dans les critiques du public d'un site web de cinéma). Ça fait plus de 10 ans que c'est admis que les films Québécois sont bons, ils étaient bons dans les années 90 aussi soit dit en passant. Ceux qui n'ont pas vu "Le Confessionnal" de Robert Lepage se prive de quelque chose. Et je peux vous en sortir toute une liste si ça vous intéresse.

Tout ça pour dire que malgré que j'aie l'air convaincu, la ténacité des anti-culture-québécoise (jadis encouragée par la radio poubelle à Québec, j'ignore si c'est encore le cas) me laisse parfois douter. Je me demande si ce n'est pas moi qui n'ai rien compris et que peut-être que c'est vrai que toutes les musiques locales, tous les films locaux, toutes les séries de télévision locales ne sont que des série B par rapport à la ô combien supérieure culture américaine. Faites-vous en pas, je ne suis pas sur le point de virer de capot! Mais ça me fait drôle de penser que des américains s'intéressent à d'autres cultures que la leur (le film "La Grande Séduction" avait gagné le prix du public au Sundance Film Festival et à Halifax également) alors que certains de mes concitoyens Québécois ont des oeillères et ne jurent que par la culture américaine.

C'est tout de même dommage pour eux. Ils ont la chance d'avoir du choix et de la qualité, et ils n'en profitent pas. Comme si devenir bilingue (ou plus spécifiquement avoir appris l'anglais) a été pour eux une délivrance et ils peuvent enfin monter vers la perfection. Dans le domaine alimentaire, c'est comme si un groupe de gens ne jurait maintenant que par la bouffe italienne. Il se priverait de tellement d'autres choses intéressantes. Imaginez maintenant que les autres cultures culinaires disparaissaient par un manque d'intérêt causé par une impression momentané... C'est évident que l'on ne veut pas ça! Alors pourquoi le vouloir pour les langues, la musique, les films? Car, qui dit une langue, dit une manière différente de penser (on pense avec des mots) et amène donc quelque chose de différent à la communauté planétaire. Et la diversité c'est dans notre intérêt à tous les niveaux: des gênes (sans quoi il n'y aurait pas de sélection naturelle qui fait avancer les espèces) jusqu'à la culture (qui fait avancer l'intelligence, la psychologie et la sagesse de l'humanité qui, il ne faut pas le nier, a évolué au cours des derniers siècles) en passant par la technologie.

J'espère simplement voir dans ma vie une autre culture prendre de la popularité, ne serait-ce qu'un début, pour me prouver que l'histoire se répétera et que tout empire est voué à être éphémère.

2 commentaires:

  1. 1 gros sujet de blogue ;)

    Moi je vais me faire vacciner, je me dis que les vaccins sont la mesure de santé publique la plus efficace, on exagère probablement la H1N1, mais d'un autre côté la grippe espagnole en 1918 a touché environ 30% de la population mondiale et il a eu environ 20 millions de morts.

    2 - pour les films et émissions Québécoises

    On fait de la bonne télé au Québec, mais il y a beaucoup de merde, km/h par exemple, qui est resté 7 ans de trop à la télé, ou Watatatow ou les gens ont fait 13 ans de cégep sans que quelqu'un allume que ça serait peut-être le temps de faire vieillir les personnages, un moment donné c'est trop.

    Pour les films, il y a eu des très bons films Québécois ces dernières années et ça m'agace aussi d'entendre "c'est un bon film, pour un film Québécois".

    Même chose pour la musique, la qualité de la musique Québécoise est selon moi 10 fois meilleur qu'il y a 10 ans, il y a beaucoup plus de diversité, de style, de bons groupes.Il y a 10 ans, j'écoutais quelques chansons Québécoises, maintenant c'est environ 25-30% des chansons sur mon ipod et je les écoute parce qu'elles sont bonnes et non pas parce que c'est du Québécois.

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  2. Malheureusement, Zafran a été meilleur que Poirier sur la forme. Mais sur le fond, je suis plutôt d'accord avec Poirier.

    J'avoue que le A-H1N1 semble moins virulant qu'on aurait pu craindre mais par précaution, je vais me faire vacciner. D'après ce que j'ai lu, ce virus a des risques de mutation plus élevé que la normale. De plus, il frappe un nombre anormalement élevé de jeunes gens en santé, puisque la dernière souche similaire de ce virus remonte à 1976. Bref, même si je n'attrape normalement pas la grippe, celle-là a plus de chance de m'avoir.

    À 8$ la dose, on ne ruinera pas le Québec avec ça.

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