mercredi 10 mars 2010

Pourquoi manquons-nous le train?

Je parle ici du TGV et des tramways. Je regardais l'émission "Une heure sur Terre" vendredi le 19 février qui expliquait comment la ville de Berlin était devenue la plus avancée en Europe en terme de transport. Vous pouvez visionner le clip au lien suivant.

À titre de comparaison, alors qu'à Montréal 25% des gens prennent le transport en commun au moins une fois par semaine, à Berlin le taux monte à 75%. Autobus, tramway et train 24h sur 24. Vous avez besoin de le prendre que 3 soirs semaines, ils ont un prix pour vous. Vous avez besoin d'une auto rendu à la gare, il y a un prix pour ça (un peu comme la flotte de vélo commun à Montréal, il y a des flottes de véhicules disponible en tout temps). En fait, il y a au moins 75 prix différents selon vos besoins. En gros, la ville a saisi l'occasion lors de l'effervescence qui a entouré la chute du Mur et tout a été repensé pour avoir une ville moderne au point de vue de la mobilité.

Le reportage se termine sur une note comme quoi l'une des plus importantes usines de Bombardier se trouve à Berlin et que c'est un peu décevant de constater qu'aucun TGV ni tramway de Bombardier n'a été implanté au Canada alors que le siège social de l'entreprise s'y trouve.

Pourquoi se payer des tramways pour aller au travail alors que toutes les familles peuvent très bien se payer 2 autos (dont une ne sert que la semaine pour aller travailler)? C'est vrai après tout, pourquoi ne pas s'acheter des véhicules de transport pour la société qui viennent d'ici et encourager l'économie locale alors qu'on peut acheter des véhicules individuels qui viennent d'Asie, d'Europe ou de l'Ontario? Une 2ème auto coûte environ 4000$ par année (auto, assurance, essence, entretien). Multiplier ce chiffre par le nombre de ménages qui n'auraient pas besoin d'une 2ème auto si on avait un réseau de transport efficace, aux 15 minutes, qui n'amène pas qu'au centre-ville, mais aussi dans les parcs industriels. Vous vous rendrez vite compte que ce n'est pas si fou que ça l'idée de se payer du transport en gang plutôt que d'y aller chacun pour soi...

Pourquoi notre transport ne serait-il pas alimenté par notre électricité que l'on produit ici à faible coût (tramway, métro, TGV) alors qu'on peut se faire venir du gaz par paquebot en provenance d'endroits éloignés comme le Moyen-Orient, le Venezuela ou la Russie?

Tout simplement parce que Bombardier est une compagnie québécoise et non ontarienne. Point à la ligne.

Pensons au fameux projet de TGV Québec-Windsor (corridor où résident 50% des Canadiens) qui a été appuyé par tous les premiers ministres que j'ai connus depuis que je m'intéresse à la politique (donc Robert Bourassa, Lucien Bouchard dont je me rappelle de la conférence de presse, Bernard Landry et Jean Charest). Depuis 30 ans, c'est l'appui du fédéral qui fait défaut. Alors pourquoi ne pas se le payer tout seul (c'est à dire que le Québec et éventuellement l'Ontario se le paient pas sans l'argent du fédéral)? Et bien, il ne faut pas oublier que 50% de nos impôts vont au fédéral. L'argent qui va au province sert à payer le réseau d'éducation, les hôpitaux, les routes, les assistés sociaux. Alors qu'au fédéral, il faut payer l'armée, des embassades, des diplomates et d'autres dépenses plus globales. L'assurance-emploi ne se paie pas à partir de nos impôts. Bref, les provinces n'ont tout simplement pas les moyens, d'ailleyrs elles paient leur fonctionnaires environ 10 000$ de moins par année que les fonctionnaires fédéraux qui font des postes équivalent. Tout ça pour dire que si Bombardier était ontarienne, bref une fierté canadienne (voire canadienne-anglaise), ça ferait longtemps que le gouvernement fédéral (composé à 80% d'anglo) aurait appuyé le projet et nous aurions un TGV depuis longtemps au Canada.

C'est ça la beauté d'être un pays dans un autre pays. L'industrie automobile ontarienne en arrache, le gouvernement fédéral vole immédiatement à son secours avec une aide supérieure à un milliard de $. L'industrie forestière en arrache, son importance économique est comparable à celle de l'industrie automobile (canadienne), on ne fait rien (mais on promet avant les élections, évidemment). Ah oui c'est vrai, c'est une industrie québécoise et les autres provinces ne sont pas affectées, dommage.

Tout cela est bien triste et j'ai hâte au jour où ce genre de faits vont sauter aux yeux de plus de Québécois. Il faut arrêter de penser que nous sommes nés pour un petit pain et que vaut mieux se faire gérer par d'autres car nous ne réussirions pas nous-mêmes (je l'ai souvent entendu pratiquement textuellement). Je suis convaincu que nous sommes plus que capable de s'auto-gérer et, au risque de me répéter, j'ai hâte que l'estime des Québécois pour leur propre peuple finisse par augmenter (pour qu'enfin l'idée d'être un pays ne soit plus proposée par 1 ou 2 partis politique, mais plutôt qu'ils se disputent tous à savoir qui le ferait le plus efficacement).

Parce que pour l'instant, nous manquons vraiment le train, au niveau environnemental autant qu'économique.