mardi 24 novembre 2009

Et si être "radical" signifie "se respecter"

Je parle ici du fait que Jean Charest a hier soir déclaré que le Parti Québécois (PQ) se radicalisait. Il faisait référence à quelques idées qui ont été analysées et débattues à l'assemblée du PQ tenue au cours de la fin de semaine. En gros, le PQ cherche des moyens pour stopper le déclin du français à Montréal.

En 2009, les gens ayant le français comme langue maternelle sur Montréal avoisine les 50%. De 1981 à 1996, le français à Montréal est passé de 60% à 55%. Durant la même période de référence, l'anglais (langue maternelle) était passé de 26,9 à 25,3%. Évidemment, le fait que la majorité des immigrants allophones se trouve à Montréal influence la démographie à court terme. Par contre, le fait que l'anglais ne bouge à peu près pas alors que le français est sans cesse en perte de vitesse traduit une triste réalité: la deuxième génération de bien des immigrants adopte l'anglais comme langue maternelle.

On dit actuellement que Montréal est la deuxième ville francophone dans le monde (après Paris évidemment), mais je me pose la question: pour combien de temps encore? Et je reviens à mes pensées habituelles: pourquoi une famille immigrante en Allemagne se "germanisera", une famille immigrante en Italie "s'italinisera" et ainsi de suite alors qu'au Québec les immigrants se tournent vers la langue du pays et non de la province?

Une fois tout cela dit, même ma gang de collègues fédéralistes à Québec s'entendent pour dire que la situation du français fait de plus en plus pitié à Montréal. Bref, peu importe l'allégeance politique, j'ose espérer qu'aucun Québécois trouve ça normal et souhaitable de voir notre métropole s'angliciser. Le fait français profite à toute l'Amérique, notre différence nous donne un élan de créativité et d'originalité. C'est l'originalité qui fait progresser. OK, j'arrête, vous avez saisi mon point: ceux qui s'imaginent que toutes les langues finiront par disparaître auraient intérêt à réviser leur cours d'histoire. Il n'y a pas d'Empire éternel. Parlez-en aux Romains!

Bon tout ça pour dire que, maintenant que nous sommes d'accord qu'il faut faire en sorte de mieux intégrer nos immigrants, faut bien trouver des idées. Et l'idée d'avoir d'obliger les immigrants à envoyer leurs enfants en CPE (Centres de la Petite Enfance) francophone et faire la même chose pour les études pré-universitaires (le CEGEP au Québec) est une idée qui mérite d'être débattue.

Sachant que nous continuerons d'ouvrir nos portes aux immigrants, voulons-nous les intégrer à notre culture ou préférons-nous qu'ils servent à nous dissiper progressivement? Une idée radicale n'est pas forcément mauvaise: obliger le port de ceinture, interdire de fumer en lieu public, obliger que l'affichage public soit au moins à 50% en français (loi 101) sont des exemples de décisions jugées radicale à l'époque où elles ont été votées, mais que nul ne remet en question...

Donc vaut mieux être radical et régler des problèmes que d'être "politically correct" mais ne rien faire au bout du compte!

5 commentaires:

  1. Je pense que la loi 101 donne deja un cadre legal assez solide pour la protection du francais. Et elle fonctionne, j'en suis la preuve.
    Deja son adoption n'a pas ete facile parce que c'est une loi qui a sacrifie certaines libertes personnelles au nom d'une cause plus importante. Le debat autour de cette loi a laisse une plaie au Quebec. Un travail serait necessaire pour guerir cette blessure.
    Au lieu de cela, le PQ a rouvert la plaie a repetition avec des projets de lois qui ne seront pas adoptes de toute facon. Ca ne fait que de la chicane et le francais y perd au bout du compte.
    Biensur, le PQ a besoin de cette chicane au Quebec. Si jamais les allophones, les anglophones et les francophones arriveaient a s'entendre entre eux ou, encore pire, avec le reste du Canada, le PQ perdrait sa raison d'exister.
    L'hypothese de depart du PQ est que la paix n'est pas possible et ce parti ne lui donne aucune chance. Ils sont assis avec le bidon d'essence sur le bord du feu.

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  2. Les données sont trompeuses et le l'aile jeunesse du PQ capote pour rien en voulant franciser tout le monde. Ça parle pas mal plus français à Montréal que les données le montrent.

    Qui plus est, les unilingues anglo du Québec sont souvent des marginaux ou des nouveaux immigrants attirés par l'exotisme franco-américain (notons qu'ils n'ont pas choisi Toronto ou Vancouver). À part dans le west-side profond de Montréal, il n'y a aucune gloire à ne pouvoir parler qu'en anglais et ça je crois que tout le monde le sait, anglo compris.

    Le PQ n'attire pas grand immigrants en étant radical, pas plus les vieux. Étant donné que les vieux vire généralement au Libéral (une corrélation évidente entre le début de sénilité et l'attirance pour les libéraux) je propose de fonder un nouveau parti : le Parti National du Québec. Un parti qui utilise le web, les usagers et la vidéo pour ses campagnes de marketing!!

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  3. Pourquoi est-ce que les immigrants entrant au Québec ne se francisent-ils pas?

    Parce qu'ils n'immigrent pas au Québec mais plutôt au Canada. Jetez un coup d'oeil à votre passeport, c'est écrit CANADA et au Canada c'est l'anglais qui se parle. L'anglais est roi et la reine est anglaise. Ne le saviez-vous pas?

    Les Québécois ne veulent pas d'un pays mais veulent qu'on fasse comme si... Tricheurs, faut payer le prix pour constituer un pays, désolé. Un immigrant qui s'installe à St-Malo, en France, apprendra-t-il le français? le breton? ou le gallo? poser la question c'est y répondre.

    Les lois sur la langue sont nécessaires mais ça ne suffit pas. Ce qui serait plus fort que tout, ce serait de bien parler notre langue, la respecter et se faire respecter en EXIGEANT que l'on parle français autour de nous, on exigeant que tous les commerçants s'adressent à nous en français, s'affichent en français, en exigeant qu'au travail ça se passe en français, dans « la mesure du possible ».

    Malheureusement, la mesure du possible est bien lâche. Suffit qu'un collègue anglophone (quelqu'un d'ici) soit présent pour que les autres se mettent à balbutier l'anglais. Cela, je le constate tout le temps, même sur la rue. Un couple formé d'un anglo et d'un franco parlera anglais le plus souvent! Qu'on se balade sur le Plateau ou dans le quartier latin, l'anglais s'impose de plus en plus. Les gens choisissent cette langue d'autant plus que les «locaux» sont plutôt «flexibles».

    C'est pourtant cela qui pourrait faire la différence. Combien d'entre vous exigez que vos logiciels soient en français au travail? Travaillez-vous sur une plate forme en français? Votre clavier d'ordinateur au travail est-il français au moins? Transmettez-vous l'amour des mots à vos enfants?

    Je ne crois pas en Pauline Marois ni au PQ pour parler au nom de gens trop faibles pour se tenir debout. À force de ramper il ne faut pas s'étonner que l'on nous marche dessus.

    C'est ce que j'avais à dire sur le sujet.

    Accent Grave

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  4. Au lieu de chiâler contre les immigrants et le gouvernement, pourquoi que tous ceux qui veulent franciser les immigrants ne prennent pas la résolution d'avoir au moins 3 enfants.

    Je suis née dans une famille anglophone à Québec et j'étais obligée de parler français parce que tout le monde autour de moi le parlait.

    Le problème est que les francophones qui n'ont pas assez d'enfants. Avec un taux de natalité assez élevé, les immigrants seraient plus minoritaires et seraient obligés de s'exprimer en français.

    C'est difficile d'intégrer le monde quand on n'a pas assez de natifs pour le faire. Avec le vieillissement de la population, ça va être de plus en plus difficile, tenant compte du fait que les aînés sont souvent isolés et ont moins d'interactions.

    L'avantage de ce plan-là, c'est que ça ne prend pas de législation, il suffit de se trouver un partenaire qui veut la même chose. Ça prend pas un effort de mobilisation. Il suffit juste que 30-40% de la population québécois décident que ça serait bien d'avoir 3 enfants ou plus; le taux de natalité va augmenter en flèche, et les immigrants auront une cohorte assez suffisante pour les obliger à s'intégrer.

    Si les Québécois ne sont pas prêts pour faire des sacrifices personnelles au nom du français (et aimer les enfants) peut-être ils ne méritent pas de rester français. C'est un peu rude comme constat, mais c'est ça.

    L'autre aspect de la question c'est que les francophones fuient l'Île de Montréal. Si les immigrants adoptent l'Île de Montréal et les francophones ne veulent pas y rester, est-ce que c'est de leur faute de ne pas être plus intégrés?

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  5. @Suzanne: Bravo! Sincèrement je crois que vous avez mis le doigt sur la base du problème. Sans retirer mes commentaires, je réalise que ce ne sont que des sous-problèmes.

    @pbielec: Merci pour le commentaire, mais au delà du fait que tu sembles te réveiller la nuit pour haïr le PQ, dois-je comprendre que tu penses un peu comme Sylvain (c'est à dire que tu n'observes pas dans la vraie vie les statistiques que je rapporte)?

    @Accent Grave: moi aussi depuis que je travaille je participe à des meetings en anglais parce qu'un seul participant (pourtant natif du Québec) n'a pas le goût de faire ce que tous les autres se plient pourtant à faire (s'exprimer parfois maladroitement dans une langue seconde). Je me demande maintenant comment faire pour changer ça... Personnellement je crois que ça pourrait être via une campagne de sensibilisation en anglais dans les médias anglophones. Il y a surement une façon de leur faire comprendre diplomatiquement que c'est une situation que les francophones n'aiment pas mais qu'en même temps nous sommes trop poli. C'est un peu comme quelqu'un qui mâche sa gomme la bouche ouverte (au bureau), il n'y a pas vraiment de façon diplomate de lui dire, on regrette simplement que les parents de la personne ne lui aient pas appris les bonnes manières. D'où l'idée que c'est en s'adressant directement aux anglophones, leur montrer au moyen de sketchs (pubs télé, radio ou caricatures) à quel point la situation est parfois ridicule...

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